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Gr@in-de-sel
10 février 2017

De l’exemplarité de la classe politique

 

 « Quand il y a une extrême droite, et depuis longtemps, qui, elle, peut tout se permettre et qui est là et qui saisit toutes les opportunités, toute faiblesse devient une faute. Depuis deux ans, j'ai mis les questions de transparence au cœur des décisions publiques. Et, quand il y a un certain nombre d'affaires, il n'y a pas eu de temps perdu pour les régler. Je n'ai pas d'autres commentaires à faire mais si les partis, tous les partis, ne sont pas intraitables par rapport à ces questions-là, alors c'est la démocratie qui peut s'en trouver affectée, infectée même. » (François Hollande, mai 2014)

Cette phrase de François Hollande résonne avec force aujourd’hui et prend une dimension particulière avec le déferlement médiatique actuel concernant les « affaires » de François Fillon, candidat de la droite inattendu et se présentant depuis des années comme un parangon de l’honnêteté et de la probité.

Dans nos sociétés modernes soumises à la dictature de de l’argent, l’exemplarité des élites politiques et administratives est devenue une préoccupation, un sujet de campagne électoral. Tous les candidats inscrivent à l’ordre du jour de leur projet l’amélioration de la transparence en politique, la probité des élus. Ils reconnaissent donc eux-mêmes des dysfonctionnements majeurs dans notre élite politique alors que l’exemplarité, la probité me semblent être de l’essence même de la vie démocratique. En effet, ce mode de gouvernement ne peut pas fonctionner sans la confiance des citoyens qui l’honore, par l’élection, du pouvoir de décider de son destin. Des élus semblent avoir oublié que la victoire électorale confère une responsabilité et des devoirs ; ceux d’être au service de l’intérêt général. C’est un honneur qui leur est donné par le peuple et non un chèque en blanc les autorisant à se servir dans le pot commun. Quand un politique profite du système à titre personnel, utilise son mandat pour s’enrichir, il ne peut plus inspirer la confiance des citoyens et il devient indigne de la démocratie qu’il prétend vouloir incarner.

Trop souvent, par le jeu du cumul et de la durée des mandats, la politique est devenue un métier alors qu’elle n’est au départ qu’une fonction. Les indemnités sont devenues des véritables salaires dont les montants sont suffisamment importants pour que certains élus cumulards soient « écrêtés ». Les politiques étant par ailleurs autonomes dans leur fonctionnement, le détournement de fonds publics à leur profit personnel devient facile et quasi incontrôlable.encadré

Les scandales ont toujours existé dans le monde politique. Mais depuis plusieurs années, ils semblent plus nombreux, touchent toutes les formations politiques et donnent lieu à un étalage public dans les médias qui s’en régalent à longueur de journées. Au final, ce ne sont en fait que quelques brebis galeuses qui éclaboussent toute la vie politique par des agissements individuels plus ou moins graves, plus ou moins avérés et plus ou moins sanctionnés.

La démobilisation des citoyens qui en résulte est confortée par le sentiment d’impunité de cette classe politique qui s’auto-protège. Les sanctions (quand il y en a) qui, plusieurs années après, sont prononcées par les juges sont souvent considérées comme insuffisantes au regard des faits reprochés et de l’écho qu’ils en ont eu dans les médias. En fait, les enquêtes menées ne sont pas rendues publiques, les médias abandonnant leur travail d’explication et d’investigation au fil des mois et les citoyens ne disposant pas de toutes les informations utiles à la compréhension des décisions des juges. Le sentiment d’impunité est renforcé par l’absence de sanction d’inéligibilité. Dans la plupart des cas, les élus restent éligibles, continuent d’être soutenus par leurs partis politiques et se représentent aux élections, sans scrupule ni moralité. Il arrive même qu’ils soient élus, les citoyens ayant parfois le pardon facile et la morale en berne.

Enfin, cet éloignement du citoyen de la classe politique démocratique traditionnelle profite aux partis politiques d’extrême qui exacerbent les sentiments d’injustice et mettent en accusation les partis démocratiques dits traditionnels. Ces partis sont à la frange de la démocratie et ne sont pas porteur de ce type de gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.

En France, jusqu’à présent, la situation favorisait le Front National. Par le seul jeu de l’abstentionnisme électoral ce parti a vu ses résultats électoraux progresser même s’il ne progressait pas en nombre de voix. Cette position nouvelle, appuyée sur un discours rénové et modernisé par Marine Le Pen, a permis la décomplexion de ce parti qui, fort de sa place dans la vie politique, a commencé à conquérir de nouveaux électeurs séduits notamment par le sempiternel « tous pourris » pour qualifier la classe politique traditionnelle.

Dans le contexte actuel, il n’est pas inintéressant de noter que Marine  Le Pen reste assez silencieuse, même si elle a déclaré que François Fillon devait rester candidat à l’élection présidentielle. Pour sa propre victoire, elle préfère qu’un candidat soupçonné de plusieurs malversations reste candidat plutôt que d’affronter un candidat probe et intègre, digne de la démocratie. Cette posture atteste d’une conception de la morale en politique assez douteuse et donc de la démocratie elle-même.

Néanmoins, le FN n’est pas à l’abri de ses propres turpitudes. Le financement du parti ne semble pas si clair et si transparent que ça et l’affaire des présumés emplois fictifs d’attachés parlementaires européens commence à éclabousser aussi ce parti et ses représentants, dont Marine  Le Pen en premier lieu.

La multiplication des scandales à droite comme à gauche ne permet plus aux citoyens de choisir le camp de la probité. Si les électeurs de gauche s’étaient jusqu’à présent résolus à voter à droite pour faire barrage au FN, il est à craindre qu’ils abandonnent cet engagement démocratique au vu de la situation actuelle, les candidats de droite n’inspirant pas confiance.Francois Fillon (www.Europe1.fr)

 

Les américains ont voté Trump et, au train où nous allons, la désaffection des électeurs à l’égard des candidats des partis de gouvernement risque de coûter très cher à notre démocratie et ce, quels que soient leurs programmes pour redresser durablement la situation de la France. Sans réel renouveau de notre classe politique, sans l’éthique et la transparence qui vont avec, il est à craindre que les extrémistes de tout poil continuent de prospérer sur le fumier du populisme.

Mytav et Bruno

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